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Zone Fantastique
24 septembre 2010

Alan Wake

  UnknownNouveau bébé des studios Remedy, à qui l'on doit le mythique Max Payne, et scénarisé par Sam Lake, Alan Wake voulu par ses auteurs comme un thriller horrifique psychologique, parvient à tenir le joueur en haleine sur une quinzaine d'heures. Pourtant force est de constater que le jeu n'a ni l'ampleur scénaristique, ni le caractère angoissant d'un Silent Hill 2. Il ne marquera pas non plus d'une pierre blanche l'histoire du survival horror auquel il emprunte le principe élémentaire de se battre ou de fuir des créatures surnaturelles dans le cas présent des autochtones possédés. Malgré tout, et grâce à son gameplay ultra conventionnel à la prise en mains hyper rapide, on s'immerge vite dans l'aventure qui dégainent vite ses deux principaux atouts, à savoir une mise en scène d'une beauté confondante et un scénario alambiqué aux rebondissements bien amenés. La qualité des graphismes ( sublime à deux trois textures près) participe de ce sentiment d'immersion, rendant immédiatement familier le décor de Bright Falls où se déroule l'intrigue. Une bourgade américaine boisée et montagneuse, à quelques encablures de Twin Peaks référence avouée du scénariste, proche aussi de celles dépeintes par Stephen King dans ses bouquins. Les caractères bien trempés des habitants témoignent d'un souci d'écriture efficace, du shérif à l'agent du héros tous ont leur personnalité participant à la création de l'univers où évolue le joueur. Les amples mouvements de caméra, les cadres (en scope) traduisent l'atmosphère décalée des lieux, l'intrusion du paranormal dans cette normalité paisible.  Comme dans les romans de King l'horreur se déroule dans un univers banal au possible. L'opposition au coeur du jeu, se déroule entre l'obscurité, force menaçante, destructrice et la lumière protectrice. La lumière dans une symbolique assez simple, quoiqu'à l'universalité évidente renvoie au bien ainsi qu'à la vérité. Il s'agira pour Wake de percer ce qui se cache derrière l'Ombre Noire, pour découvrir ce qui est advenu de son épouse. Le moteur graphique donne naissance à des effets de clairs-obscurs qui sortent chaque combat de la monotonie (en gros le jeu répète pas mal de situations) par leur magnificence.  Par ailleurs des trouvailles tels que ces feux d'artifices utilisés pour tuer des possédés en masses ou les projecteurs pour se protéger rehaussent les phases de jeux. Dans un léger retour de bâton, l'ultra scénarisation peut déboucher sur l'impression que celles-ci ne servent qu'à exécuter des scripts, d'autant que les énigmes sont quasi inexistantes, et la progression exclusivement linéaire. Mais ce scénario dont on veut connaître le fin mot, tient éloigné l'ennui en dépit des répétitions. Si certains ont pu trouver la construction en forme de mini-série télé anecdotique, il faut souligner que chaque épisode marque une étape vers le dénouement, édifiant un script solide, où de manière intelligente chaque fragment propose un cliffhanger imparable. Le récit d'abord tourné vers un surnaturel évident aux yeux du héros comme des joueurs, s'oriente à mi-parcours vers une complexification relative glissant le récit vers une hypothèse psychologique. A la question Alan retrouvera-t-il sa femme se substitue Alan évolue-t-il dans la réalité? Ne vit-il pas dans sa tête? Un revirement narratif qui opère une mise en abyme, renvoyant au rapport entre le joueur et son avatar, d'autant qu'au bout d'un moment Wake ne semble exister qu'en tant que pur personnage sous la plume d'un autre écrivain. La fin laisse la porte ouverte, entre la réalité et onirisme. Malgré tout, le passage où l'on éclaire des mots se transformant en objet (par exemple le mot téléphone qui devient un téléphone) marquerait un penchant pour la seconde voie. Alan Wake se situerait à quelques pas d'Identity, dans une veine métaludique. Malgré tout, le titre repose sur un jeu de mots, l'initial A accolée au nom du héros donnant "Awake", éveillé. Dès lors, le personnage central vivrait un cauchemar éveillé et bien réel, à moins, nuance, que l'enjeu soit de le réveiller. Le plus fort, demeure que ces questions tant théoriques que narratives ne gênent aucunement l'identification et l'émotion. Le dénouement virtuose, articulé en de très élégants mouvements d'appareil et de ralentis s'avère à ce sujet assez émouvant. En attendant une éventuelle suite, que laisse entendre cette fin ouverte, Alan Wake reste un très grand jeu vidéo destiné tant aux cinéphiles qu'aux gamers. 

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