Captifs

Captifs 

de 

Yann Gozlan

Scéraio: Yann Gozlan et Guillaume Lemans

Avec: Zoé Félix, Eric Savin, Arié Elmaleh...

Photographie: Vincent Mathias

Montage: Grégoire Sivan

Musique: Guillaume Feyler

   Carole, jeune infirmière oeuvre aux côtés de Samir et Mathias dans une organisation humanitaire dans les Balkans. Alors que leur mission touche à sa fin, ils sont enlevés sur le chemin du retour par un groupe de ravisseurs dont les motivations restent obscures... 

  Passée une première séquence forte en tension, qui place à la fois l'univers réaliste du film et le trauma central du personnage incarnée par Zoé Félix, qui donnera son fond au scénario, l'introduction de Captifs, ne fonctionne pas très bien, laissant augurer de bien vilaines choses. Les personnages masculins, celui d'Arié Elmaleh en tête paraissent taillés à la serpe, les dialogues ne sont pas bons, les acteurs peinent de fait à tirer leur épingle du jeu. Puis vint le moment où tout bascule, la scène d'enlèvement, particulièrement inventive, dans sa manière de dévoiler peu à peu ce qui se trame, avec un vrai travail de hors champ. Certains parti-pris, comme d'éclairer que partiellement les actions qui conduisent les héros à leur géôle, s'avèrent particulièrement audacieux, instaurant une tension efficace. Une fois le premier acte plié, là Captifs, déploie ses qualités évidentes. Un couloir, une porte au fond, un téléphone synonyme de mise à mort, par le biais de ses quelques éléments rapidement mis en place, Yann Gozlan, crée une peur reposant sur l'attente. A qui le tour? Une question simple, relayée par une mise en scène très inspirée dans son jeu entre valeurs de plans opposés, du large pour enfermer les personnages dans leur cellule, du gros plan pour capter leur peur. La lumière tout en clair obscur participe de l'atmosphère oppressante du film, lui assurant dans le même temps un beau cachet visuel. Tout entier tourné vers son envie de faire partager au public une heure et demie de suspense, le jeune réalisateur, se débarrasse de la tendance outrancière du cinéma de genre français à verser dans la débauche sanguinolente (souvent vaine) et préfère agrémenter sa première oeuvre longue de trouvailles, visuelles et sonores. Parmi les plans marquants, il y a cette magnifique plongée sur un champ de maïs. Le soin particulier accordé au montage son réserve également de belles montées d'adrénaline, notamment lors d'une séquence de course-poursuite où le réalisateur se situe dans le point de vue sonore d'un protagoniste victime d'acouphènes. Des instants qui assurent au long métrage un petit plus, illustrant une intrigue dont la simplicité, au goût de déjà vu (Hostel, Martyrs, dans une moindre mesure Manhunt sont déjà passés par là), vouée uniquement à créer des moments de tension. Modeste, et porté une réalisation maîtrisée, Captifs pourrait bien s'imposer comme un maître étalon du cinéma de genre made in France.