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Zone Fantastique
3 septembre 2010

Mr. Nobody

UnknownMr. Nobody 

de 

Jaco Van Dormael 

(2009)

Scénario: Jaco Van Dormael 

Avec: Jared Leto, Sarah Polley, Diane Krueger, Linh-Dan Pham...

Photographie: Christophe Beaucarme

Montage: Susan Shipton

Musique: Pierre Van Dormael

 

   Dans un futur proche où les hommes ont quasiment percé le secret de l'immortalité, Nemo Nobody 117 ans s'apprête à mourir de vieillesse. Interviewé par un journaliste il fait le récit de ses vies singulières. Incapable de choisir entre le train qui emmène sa mère ou rester avec son père, il a vécu de nombreuses vies parallèles...

   Triste sort que celui réservé à ce Mr. Nobody, premier film européen, au budget de 32 millions de dollars, et boudé par le public. Narrativement, composé d'une succession de séquences présentées comme autant de pics de vie, sa forme aux limites de l'expérimental, le rendait difficilement vendeur, puisqu'en dépit d'une belle cohérence formelle, chaque segment adopte un style de film, de la SF au drame en passant par la chronique adolescente. Quel public visé? Le refus de Thierry Frémeaux (no comment) de prendre le film en sélection officielle à en compétition à Cannes, assurant dès lors un buzz au long métrage, et celui de son producteur d'accepter de figurer hors compèt' (no comment) ne jouèrent pas en faveur de la diffusion de cet ovni. 

   A l'instar du récent I'm not there, dont il partage, en moins extrême (ici les séquences ont le temps de se développer, elles ne durent pas dix minutes) le principe du kaléidoscope d'époques, Mr. Nobody a quelque chose de figé dans son esthétique publicitaire, renforcé par des partis-pris musicaux très cliché, censé mettre l'accent sur l'universalité de ces moments de vie, et justement leur caractère de lieux communs. Il faut un certain temps pour admette ces choix et admettre que le film ne prétend pas être chose que la présentation d'une vie en lambeaux avec ses accidents et ses moments heureux, tous perçus sous une égale intensité. Même le soin apporté à chacun des cadres, à chacune des images, où éclate la beauté de la photo, peut nous laisser en dehors. Jaco Van Dormael voudrait parler de la vie en excluant la moindre palpitation, le moindre débordement imprévu. Mais au bout d'une heure (le temps qu'il m'a fallu) on dépasse ses premières impressions pour entrer dans un film, où chaque séquence se veut un climax émotionnel. Alors certaines touchent au but et au coeur, notamment celles mettant en scène l'une des adolescence de Nemo ou encore celles délicates avec Sarah Polley magistrale en dépressive, vraiment juste, parfois bouleversante. Les moments orientés SF s'égarent un peu, manquent. En dépit d'une réflexion sur la relativité du temps, basée sur des faits scientifiques et de l'identité, force est de constater, que Van Dormael nous évite un lourd pensum, ou un récit gigogne affichant crânement sa virtuosité narrative. Il y a un beau décalage dans Mr. Nobody, celle de raconter la vie dans ses acceptations plus évidentes amour, mort, abandon, relations familiales, avec un budget démesuré et une réflexion en creux, presque dispensable sur l'avenir de l'univers. Jamais ce sous-texte n'apparaît démesuré, toujours le cinéaste reste du côté de l'humain, de sa singularité multiple, faisant de Nobody, un résultat de l'universalité de l'être illustré par son parcours singulier. La vision non linéaire de l'espace temps, se lit comme un supplément, et laisse une belle liberté aux spectateurs. A chacun d'y voir ce qu'il veut. Le choix nous conduit dans une voie spécifique, conditionne un espace et un temps particulier. Refusé de choisir nous conduit, à fragmenter l'espace et le temps logiquement démultipliés. Mais ce qui compte ce sont les palpitations qu'il vit, les épreuves qu'ils traversent. Chacun de ses temps et espaces vaut pour lui, et la narration finalement assez simple du réalisateur en rend compte d'une fort belle manière. Espérons juste que le film avec le DVD et les diffusions télévisées pourra trouver un public, et étendre au maximum sa beauté fragile. 

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