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Zone Fantastique
3 septembre 2010

Piranha 3D

UnknownPiranha 3D 

de 

Alexandre Aja

Scénario: Josh Goldfinger, Josh Stolberg, Alexandre Aja, Grégory Levasseur

Avec: Elisabeth Shue, Steven R. McQueen, Jerry O'Connell, Jessica Szohr, Kelly Brook, Christopher Lloyd...

Photographie: John R. Leonetti

Montage: Baxter

Musique: Michael Wandmacher

 

 

   Une secousse sismique libère des piranhas préhistoriques d'un lac souterrain. Ils envahissent les eaux paisibles du lac Victoria, ne tardent pas à se faire les dents sur quelques malheureux, tandis que des étudiants venus fêter le spring break envahissent les lieux...

    D’une simplicité formidable, le scénario de Piranha 3D, permet à Alexandre Aja d’investir à fond l’unique objectif de son film, le fun. Véritable rollercoaster, il torpille dans un délire gore amusé toute une imagerie orientée hétéro beauf (beaux culs, gros seins, lesbianisme) ains qu'un goût de la démesure dans la débauche très américaine. Et l’orgie décérébrée des étudiants venus relâcher toute la pression de l'année scolaire finissante, et donner cours à leurs pulsions (sexuelles surtout) de se transformer en un bain sang tout aussi outrancier. Un moment d'anthologie, où le sens du détail qui tue du réalisateur éclate à presque chaque plan. Une bimbo dont le soutif tombe reste béate alors que ses petits camarades se font taillader autour d'elle. Une autre fini couper en deux par un câble électrique. Ving Rhames arrache une hélice de bateau pour calmer les ardeurs des monstres. Des instants mémorables, pour un parfait équilibre entre humour noir ravageur et gore illimité, les deux se rejoignant dans un souci d'inventivité permanente. La 3D ludique à souhait participe de cette frénésie, avec vomi en relief, bite flottante dans l'eau disputée par deux poissons, et bien entendu les monstres prêts à sortir de l'écran.Tout entier tourné vers le public, le troisième remake orchestré par Aja, ne s'offre aucun moment de répit, hormis un léger moment de poésie décalé avec un ballet aquatique déjà culte. L'unique limite d'une pareille démarche, réside dans le fait que tout ce qui se trouve à la périphérie (autrement dit que ne répond pas à cette exigence de plaisir immédiat), se voit évacué.

  Le suspense qu’on aurait aimé un peu plus développé, présent au détour de ces plans où les poissons évoluent passivement au milieu des baigneurs, est simplement esquissé au détour de moments certes très tendus, mais relativement courts. Réduits à des enjeux scénaristiques très vite plantés, les personnages manquent d’épaisseur tout en s’avérant suffisamment attachants bien que stéréotypés à souhait (le puceau, la mère de famille, le plongeur héroïque), pour qu’on ait envie de les suivre. Malgré tout ce choix d’annuler toute identification aux protagonistes, semble logique puisque les créatures sont les vraies stars, elles mènent le bal, assurant le lien entre les différentes actions parallèles. Par ailleurs, l'avantage du partis pris d'Alexandre Aja, c'est qu'il préserve son film de plusieurs écueils. La métaphore écolo, présente dès le début, s’oublie cependant vite, la revanche de mère nature sur les Hommes devenus dégénérés, au goût cynique se déguste comme une blague de fond. De même, l'autre vengeance du film celle des vierges sur les débauchés, victimes toutes désignées des piranhas pourrait virer au discours puritain. Ce d'autant que les quelques cathos intégristes venus prêcher la bonne parole semble épargnés par le massacre. Là, c’est la filiation avec Gremlins, la vraie source d'inspiration du projet, qui sauve Aja d’un discours malodorant en contradiction avec ce qu’il filme. Comme les petits monstres de Joe Dante, les piranhas incarnent l’anarchie, une force du chaos détruisant tout son passage, y compris lorsqu’il s’agit du degré zéro de la culture américaine. Le carnage sans pitié qu’il organise, n’épargne au final personne, forces de l'ordre incluses. Si la veine politique de l’original semble écartée, Alexandre Aja en a néanmoins conservé l'esprit anarchique. A la clef le résultat sans appel, une réactualisation exemplaire qui surclasse tous les remakes entrepris ces dernières années et en bonne place pour le titre de film de l'année. 

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