Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Zone Fantastique
5 octobre 2010

Le Mort Vivant, homecoming

UnknownLe Mort Vivant (Dead of Night)

de

Bob Clark 

Scénario: Alan Ormsby

Avec: Richard Backus, John Marley, Lynn Carlin...

Photographie: Jack McGowan

Montage: Ronald Sinclair 

Musique: Carl Zittrer

 

  Lorsqu'ils reçoivent le télégramme leur annonçant la mort de leur fils Andy mobilisé au front, Charles et Christine Brooks sont effrondrés. Leur deuil se voit interrompu par leur retour inattendu de leur fils. Mais ce dernier, revenu mutique, au comportement inquiétant, ne tarde pas à attiser les soupçons de son père, qui ne le reconnaît plus... 

  Irrigué par une veine explicitement politique, Dead Of Night, propose une lecture métaphorique du retour douloureux des soldats américains après leur service au Vietnam. Du mutisme, au sentiment d'inadaptation en passant par la violence refoulée (les phases où Andy attend silencieux) puis libérée (d'abord hors champ sur un routier, ensuite sur un chien, enfin sur un être humain), le long métrage de Bob Clark, illustrent les étapes d'un mobilisé traumatisé dans l'incapacité de mener une vie civile normale. Son argument fantastique, propice à la parabole, ne ressurgit pleinement que lors des phases où Andy révèle sa véritable condition, et se voit mis à l'épreuve d'un réel on ne peut plus tangible notamment grâce à un travail sur le décor, hyper banal, reflet de personnages à la vie modeste. Le grain de la pellicule 16mm, le découpage fait de longs plans où la caméra va chercher et les actions et les visages marqués des acteurs (de John Marley en père à Lynn Carlin vue dans Faces en soeur, tous les comédiens apportent de l'authenticité au film), donnent l'impression de saisir sur les événements sur le vif. La maigreur des moyens a dû davantage jouer sur le choix de cette manière de tourner allégeant le plan de travail, mais force est de constater que Bob Clark en fait une force, puisque son film s'imprègne de ce rythme lent, de cette durée particulière qui parviennent à faire partager au spectateur le malaise des protagonistes confrontés à cette situation pesante. Le spectacle de la dissolution de cette famille, partagée entre un père lucide face à l'horreur cachée sous les traits de son fils, et une mère en proie à un sentiment maternel proche de la folie, renvoie via ce petit dénominateur commun à une l'Amérique, désemparée son traumatisme au sortir de la sale guerre. La vraie horreur réside là, et les séquences présentant Andy en tant que prédateur, se nourrissant du sang de ceux pour lequel il pense avoir donné le sien, manquent quant à elles de puissance. L'horreur graphique, limitée par la modestie des moyens n'impressionne pas tellement, peut-être parce qu'elle est moins inattendue, moins maîtrisée aussi, la mise en scène recourant dès lors à un montage racé tranchant avec le reste desservi par des effets sonores pas très inspirés. Reste que même dans ses moments, le malaise installée précédemment subsiste et le meurtre du médecin (à la différence des derniers) propose une belle mise en place, très angoissante. Le réalisateur parvient, aidé par l'acteur Richard Backus, excellent, à faire ressortir le caractère inquiétant de son personnage. Ce dernier, à mesure que l'étau se resserre autour de lui, que son noyau familial implose, laisse apparaître tel Dorian Gray un visage ravagé, affreux (signé Tom Savini), qui exprime son véritable état et qui le pose dans le dernier quart d'heure en monstre pathétique.  Le réalisateur, nous rappelle dès lors le statut sacrificiel d'Andy mort pour son pays, incapable d'y retrouver  d'autre place qu'une sépulture. Un peu oublié, n'atteignant par ailleurs jamais les sommets de Martin de Romero dans son approche tour à tour réaliste, puis mélancolique de la monstruosité au quotidien, Le Mort Vivant mérite d'être redécouvert. 

Publicité
Publicité
Commentaires
Zone Fantastique
Publicité
Publicité