Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Zone Fantastique
10 novembre 2010

Mafia II, l'affranchi

    UnknownMafia II

    développé par

    2 K Czech

    D'accord Mafia II ne relève pas du fantastique, mais il s'agit cependant d'un titre fort dans le domaine du jeu vidéo, accueilli d'une manière un tantinet glacial à sa sortie. 

  Beaucoup de monde attendait un GTA-like avec ce second opus, fraîchement accueilli par la critique vidéoludique, un peu moins par les joueurs. Pourtant ça serait oublié que Mafia, premier du nom, proposait déjà une formule hybride, à mi-chemin entre le jeu culte de Rockstar Games, à qui il empruntait l'idée d'ascension d'un gangster, et le jeu d'action scripté et découpé en missions diverses façon Hitman. Déjà à l'époque, les phases d'intermissions n'offraient pas une immense latitude, différence notable avec un GTA. Cette orientation originale, avait sans doute participé au succès du jeu, au mêmetitre que l'ambiance unique des années 30 rendue dans des graphismes somptueux pour l'époque et d'un soundtrack. D'ailleurs ce contexte unique, est resté ancré dans la mémoire des joueurs.

  Située à la fin de la seconde guerre mondiale, cette suite, rattachée au premier par un twist suffisamment ingénieux pour qu'on en taise la substance, se déroule dans la ville fictive d'Empire Bay, inspirée en grande partie par New York, créée grâce à un moteur graphique performant. Le héros Vito Scarletta, échappe à un retour au front grâce à son ami d'enfance Joe Barbaro qui l'introduit dans le milieu. Le début d'une vie de crimes, d'emmerdes et de fastes, dont il paiera le prix à un moment ou un autre. On retrouve vite les qualités du premier volet, évoquées plus haut, à savoir le contexte historique particulier de l'après guerre, la dimension vintage qui en découle, déteignant sur les fringues, les armes, la rapidité des véhicules, l'identité des gangs, les considérations ethniques ou encore les références cinématographiques, allant de La Fureur de Vivre  (logique) à Christine (moins évident, mais la musique assure le lien). La bande originale superbe, composée de hits de l'époque (Ritchie Valens, Buddy Holly et du jazz) renforce l'immersion. Le décor posé, les personnages vite installés, qu'en est-il du jeu à proprement parler? Un joueur confirmé (donc pas l'auteur de ses lignes) ne fera qu'une bouchée des dix heures de durée de vie du titre, même un gamer occasionnel un tant soit peu impliqué (votre serviteur) pourra rapidement conclure l'aventure, qui bien que sobre, et élégante s'avère prévisible, un brin déceptive. Malgré tout, si l'on arrive aussi vite au dénouement, c'est que l'aventure tient admirablement la route. Les missions bien pensées, du casse au trafic de drogue, ménagent de grands moments d'action. Faire courir Vito sous les balles, le conduire à se cacher sous un feu nourri par des ennemis en théorie trop nombreux, s'avèrent intenses, bien que la caméra ne se place pas toujours idéalement. Un problème que l'on apprend à relativiser en avançant dans le titre, quoique même en fin de parcours il est toujours désagréable de tomber sous les tirs d'un tueur suite à un mauvais ré ajustement de l'axe de prise de vue. Cela dit, l'aspect spectaculaire du jeu suffit amplement nos envies de gunfight, d'autant que ceux-ci prennent autant d'ampleur à l'air libre qu'en espace clos. La fusillade dans le restaurant chinois servant de QG à une triade rappelle l'introduction d'A Toute Epreuve de John Woo. Le scénario suffisamment bien ficelé fait que l'on ne regrette finalement pas que la liberté d'interaction avec cet univers fascinant ne soit pas plus approfondi. Un récit construit qui semble tendre vers une narration héritée du cinéma, avec ses rebondissements structurant la progression et l'évolution du personnage central. On se souvient de l'accroche accolée aux premières affiches dans le métro, "Quand le jeu vidéo surclasse le septième art", inutile de polémiquer ici sur une question de fond qui mérite un vrai débat sur la grammaire de ces deux arts. Mafia II procède dans son rapport au cinéma par une sorte de compilation des différentes formes que peut emprunter le polar, qu'il s'agisse de la fresque à la Scorsese (référence évidente) étrangement sans en retrouver l'ampleur, le film noir, le thriller hollywoodien (les multiples comptes à rebours) ou honk-kongais. Les nombreuses situations déjà exploitées au cinéma (guet apen, braquages, poursuites) sont réinvesties avec l'idée de permettre au joueur de passer du spectateur passif des séquences d'action à acteur par l'entremise de son avatar pixélisé. De plus les références à des films issues de la même époque que celle investie par le jeu ou s'y déroulant fournissent une iconographie aisément reconnaissable pour le jeu, ainsi qu'ironiquement, pour établir la crédibilité de cet univers. La limite de cette démarche, réside dans le fait qu'à aucun moment le jeu vidéo ne tente de transcender ses références, en mettant par exemple en crise l'imaginaire du film mafieu via son rapport directou en le commentant. Ce qui apparaît par ailleurs logique puisque Mafia II, n'est ni une réflexion sur un milieu fantasmé, ni une satire de la fascination exercée par la pègre sur le support vidéoludique. Il s'agit avant tout d'un polar moral, dont les objectifs principaux sont pleinement atteints, à savoir divertir, provoquer des poussées d'adrénaline et raconter une histoire solide dont le joueur aura envie de connaître le dénouement. Mission accomplie donc, et c'est avec un sourire aux lèvres qu'on repose la manette se demandant sur quelle époque les développeurs vont jeter leur dévolu pour un hypothétique troisième opus. Nul doute que les sixites et les seventies avec leur lot de changements socio-politiques offriraient un formidable écrin pour une fresque vidéoludique d'envergure. 

Publicité
Publicité
Commentaires
Zone Fantastique
Publicité
Publicité