Les Yeux de Julia
de
Guillem Morales
(2009)
Scénario: Oriol Paulo, Guilem Morales
Avec: Belén Rueda, Lluis Homar, Julia Guittérez Caba...
Photographie: Oscar Faura
Montage: Joan Manel Vilaseca
Musique: Fernando Vélasquez
Julia vient de perdre Sara sa soeur, qui a mis à ses jours. Seulement elle ne croit pas qu'elle a mis à ses jours et reste persuadé que le soir où il est passée à l'acte, quelqu'un se trouvait à ses côtés responsable de son geste. Comme sa soeur elle est atteinte d'une dégénérescence de la rétine qui la rend progressivement aveugle. Fragilisant son existence, sa cécité pourrait aussi être la clef de l'énigme de la mort de Sara...
Triste déception pour ce thriller fantastique attendu comme le messie en cette fin d'année qui hormis le déceptif et brillant Monsters ne nous aura que peu offert de frissons. Réussite plastique indéniable, où la photographie glacée et hyper contrastée d'Oscar Faura génère de grands moments esthétiques tels que la confrontation final éclairée à coups de flash, le film de Guilem Morales pêche par un scénario déséquilibrée. Sans doute désireux de prendre le public dans ses filets, de le tenir constamment en haleine, il peine à créer un vrai temps d'attache aux personnages. Tout va vite, et de ce fait les protagonistes peinent à acquérir une réelle profondeur. Le couple de héros irritant au possible, ne fonctionne jamais. On ne croit pas à leur amour, on ne croit pas à leur dispute. Pourtant les acteurs sont bons, Belén Rueda en tête, mais les dialogues qu'ils échangent fatiguent, d'autant plus qu'ils ne servent qu'à la progression de l'intrigue. Laquelle hormis un beau twist final bifurquant vers le fantastique, offrant au passage une très belle idée de cinéma, ennuie, tant elle est prévisible. La grande force des réussites du genre ibérique, y compris des oeuvres mineures telles que Darkness reposait justement sur une ambiance lourde servit par un découpage lent. On se répète, on y revient sans cesse la rapidité de l'ensemble empêche de goûter à une atmosphère de menace, Morales préférant des jump scares souvent attendus. Le récit plonge parfois dans l'humour involontaire notamment dans la séquence avec le voisin qui se révèle en deux coups de cuiller à pot libidineux. Le plus drôle survient quand sa fille qui aide l'héroïne lui explique en toute simplicité qu'il la trouve désirable mais n'est pas méchant quand bien même il était à deux doigts de la violer. Ce alors que se dessine un final qui ramasse les qualités et les défauts de l'oeuvre en dix minutes. Comme on l'a dit la beauté formelle est là, mais à nouveau les dialogues sont lourds, explicatifs à souhait, tout va trop vite et le réalisateur nous ressort des gimmicks usés (le verre empoisonné). Bref le cinéma de genre espagnol aussi excitant soit-il devra se renouveler rapidement au risque de tourner en rond jusqu'à l'essoufflement.