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Zone Fantastique
5 septembre 2010

Halloween 2 (version courte)

Unknown_2Halloween 2

de

Rob Zombie

(2008)

Scénario: Rob Zombie

Avec: Scout Compton Taylor, Tyler Mane, Brad Dourif, Malcom McDowell...

Photographie: Brandon Trost

Montage: Glenn Garland

Musique: Tyler Bates, thème de Halloween par John Carpenter

 

   La nuit d'Halloween touche à sa fin dans un bain de sang. Laurie et Annie sont emmenées à l'hôpital, le corps de Michael Myers vers la morgue. Le véhicule a un accident, et le tueur en série en profite pour s'évader. Un an plus tard, Laurie qui vit chez le shérif Brackett, connaît des hallucinations macabres à mesure que le tueur se rapproche de la ville... 

   Bien qu'ayant pu déranger les fans les plus inconditionnels du chef d'oeuvre de Carpenter, l'orientation choisie par Rob Zombie pour son remake, à savoir évacuer le mystère fantastique entourant Meyers, pour le transformer dans une forme de déterminisme, en produit de l'Amérique White Trash. Libre de l'héritage carpenterien, excepté dans la deuxième partie, plus faible, qui raccrochait à l'opus originel, le réalisateur signait un remake audacieux, et personnel. Au suspense pesant de Carpenter, à son économie visuelle, il substituait une frénésie brutale doublée d'une violence graphique, saisie dans son style nerveux, à base de raccords secs et de mouvements de caméra à l'épaule. On sentait juste, Zombie un peu à l'étroit dans le déroulement du massacre calqué sur le film original, pas honteux, un tantinet bâclé cependant. Cette suite, qui jette vite aux orties la suite sous-estimée (pas forcément le pire slasher des 80's), on quitte vite l'hôpital cadre du film de Rick Rosenthal via un éprouvant cauchemar qui ouvre sur une ellipse de deux ans. Laurie souffre d'hallucinations, son frère court la campagne essaimant cadavre sur cadavre, tandis que Loomis devenu un opportuniste fini, se remplit les poches avec un best seller inspiré des faits. Ce canevas scénaristique neuf, permet cette fois-ci à Zombie de laisser se déployer son univers sans contrainte. En résulte un film plutôt unique.  

  Si Halloween est une saga familiale, alors le cinéaste lui confère une dimension quasi-mystique, avec la mère de Myers en ange blanc du mal guidant son fils vers une réunion dans l'au-delà des Meyers, qui passe par le sacrifice de la dernière survivante. D'incarnation du mal absolu chez Carpenter, le monstre devient ici le bras armé d'une folie teintée d'amour familiale déviant, hanté par celui qu'il a été un enfant criminel, et celle qu'il a aimé le plus, sa mère. Les hallucinations du tueur offrent un écrin idéal à la folie visuelles du réalisateur, à son goût du baroque, en témoigne ses jeux de lumières léchés (magnifique scène de meurtre devant les phares d'une voiture, passage dans un éclairage rouge lors d'un détour dans un club de striptease) associés à ses images marquantes de fêtes foraines où apparaît un cheval blanc, symbole de pureté dévoyée. Le blanc associé à l'angélisme (si on reste dans une vision iconique courante et simpliste) ou à la mort (symbolisme orientale, la blancheur de l'au-delà) évoque le décalage profond de l'esprit du tueur, persuadé d'agir bien alors que ses actes ne sont rien de moins que barbares. Un esprit biaisé en somme, qui reste sous la caméra souvent virtuose (le découpage au cordeau est toujours agressif et génial), une force de destruction. D'ailleurs, une lecture politique inciterait à penser que Michael Myers le rejeton de l'Amérique se jette à l'assaut des propres pavillons bourgeois. Les visions qui parsèment le récit, livrent non seulement une entrée dans l'esprit malade de Meyers, mais tiennent aussi un rôle important dans la tragédie familiale qui se joue, puisqu'elles seront partager par Laurie à mesure que le film s'achemine vers son affrontement final. Ces hallucinations mettent dès lors à jour l'esprit rendu malade de la soeur du tueur, son lien à celui-ci, faisant dans le même temps office d'appel de la mort, auquel la jeune femme aura du mal à résister. Cet apport inédit à la saga, présent, confère au film une double identité, celle d'une oeuvre d'horreur gore réaliste parasitée tels les esprits des personnages par un fond onirique. De même dans sa progression le film se charge d'un voile de mélancolie, à travers le sort de Laurie, jeune fille paumée suite au drame qu'elle a vécu, ainsi qu'au travers de ses images tristes, celle du cheval dans la campagne et dans cette idée des liens du sang ne s'incarnent jamais mieux que dans la mort. Culotté, Rob Zombie met à profit la liberté qu'il a pour offrir un vrai dénouement à sa saga, radical qu'il a sans doute payé cher au box office, son opus restant un échec cuisant, balayé par le lamentable Destination Finale 4, produit lisse à des années lumières de ce petit bijou portant à chaque plan la griffe de son auteur. Le but de tout remake, à savoir traduire à partir d'un matériau existant une vision différente semble ici pleinement atteint. Il y aura toujours le grandiose Halloween de Carpenter, et à  à présent, à ses côtés, cette variation dominée par les figures récurrente de l'univers de Rob Zombie, l'Amérique White Trash, les tueurs en série et leur célébration douteuse, sa conjugaison du mauvais goût et de la poésie, et sa violence stylisée. Inutile de s'attendre à ce que cette orientation soit conservée dans la prochaine suite confiée à l'inodore Patrick Luissier... 

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