Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Zone Fantastique
16 juin 2010

Enter the Void

imagesEnter the Void
de
Gaspar Noé
(2009)

   Oscar petit dealer français vivant à Tokyo est abattu lors d'une descente de police. Son esprit quitte son enveloppe charnelle pour errer dans la ville, rivé à sa sœur Linda qu'il a promis de ne jamais abandonner.   

  Nourri depuis plus de dix ans par Gaspar Noé, Enter the Void après un passage timide à Canne, le dernier de Gaspar Noé, offre une synthèse des obsessions thématiques du réalisateur à savoir l'amour familial (où l'inceste occupe une place larvée), la marginalité, le sexe et stylistiques avec ses mouvement d'appareils découverts sur Seul Contre Tous (le fantasme incestueux-morbide du boucher en fin de film), éprouvés sur Irréversible et ici poussés à terme puisque qu'il s'agit du moteur de la déambulation aérienne de l'âme d'Oscar. D'un point de vue plastique, comme souvent chez ce petit maître, le film recèle de purs joyaux, difficile d'oublier par exemple le survol de Tokyo ou quelques secondes plus tard ce moment où la caméra, grâce à un très beau  trucage de Buff s'élève dans les airs pour aller s'attraper un avion de ligne. Cinéaste des mots sur son premier long, mais qui n'a jamais oublié la facture visuel de ses œuvres, Noé est un créateur d'images quasiment sans égal en France. Reste que malgré ses fulgurances, ce long métrage nourri durant des années, est certainement le plus faible de son auteur. La faute en incombe à un scénario qui calqué sur la lente errance de son personnage perdu entre transcendance et décadence urbaine, entre promesse d'une vie spirituelle dans un ailleurs énigmatique et amour pour sa soeur, ne propose rien d'autre qu'un long programme répétitif. Point d'ancrage du héros- caméra, le personnage de Linda, au parcours taillé à la serpe, caricatural, maintient le spectateur à distance, bien trop conscient des bonds scénaristiques incroyables qui jalonnent sa descente dans la fange, elle qui était présentée comme une sainte. Ce qu'elle est probablement aux yeux de son frère. Peut-être le film souffre-t-il d'un hiatus dans son inspiration à raconter quelque chose de profondément intime, l'amour frère-soeur (qui évite un inceste trop facile, on reconnaîtra ça à Noé) et sa forme de grand film trip. Les allers-retours entre passé, présent et futur, les inlassables retours par tous les orifices possibles (éviers, bouilloire, sexe) fatiguent, et l'errance du personnage devient simplement un long voyage fatiguant. Dégraissé d'une heure de métrage, Enter the void aurait pu prétendre toucher à son essence, à savoir délivrer un message universel sur l'amour et la mort entrelacés en une boucle infinie, sur les paradis et les enfers terrestres pour se hisser à des hauteurs atteintes par L'Echelle de Jacob. En l'état c'est certes un spectacle assez unique, mais surtout un film malade de ses propres ambitions, vouloir en dire trop, tout en laissant l'impression contraire, bardé de propositions visuelles (on insiste certaines images vont rester) hélas noyées dans des détours indigestes.

Publicité
Publicité
Commentaires
Zone Fantastique
Publicité
Publicité